Isabella Lenarduzzi est entrepreneuse sociale et maman de deux enfants. Découvrez son métier sur cette chouette interview. Isabella a crée Jump, une entreprise sociale dont l’ambition est d’éliminer les inégalités entre les femmes et les hommes au travail et de créer une économie durable et une société plus égalitaire. Elle a été récompensée à de multiples reprises, tant pour ses succès sociétaux que professionnels. Mesdames et Messieurs, voici Isabella!
Trouvez la transcription de cette interview ci après:
Bonjour, bonjour ! Aujourd’hui je suis avec Isabella Lenarduzzi dans un cadre un peu différent que d’habitude. On est venu chercher la paix et un peu de l’énergie de ce bois où on est aujourd’hui.
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Isabella tu es entrepreneuse sociale. Est-ce que tu peux dire qu’est-ce que c’est ?
Alors une entrepreneuse sociale c’est quelqu’un qui se met à disposition d’un objectif pour changer le monde. Donc il faut décider comment le changer et sur quoi. Ça peut être sur la faim dans le monde, ça peut être remplacer la guerre par la paix, ça peut être se battre contre les violences… moi j’ai choisi de me battre pour que les femmes soient les égales des hommes. Être entrepreneur social ce n’est pas seulement faire l’entreprise pour gagner de l’argent mais c’est se servir d’un modèle d’entreprise pour pouvoir changer le monde avec son énergie et finalement en réussissant à en vivre aussi et peut-être en faire vivre d’autres. C’est-à-dire avoir des gens qui m’aident et à qui je puisse payer un salaire.
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Donc c’est une cause alors que tu défends ? Cette égalité hommes femmes c’est quelque chose que tu que tu vois comme une cause ?
Oui c’est même plus qu’une cause, c’est carrément une mission de vie je pense. J’en ai quelques-unes quand même dans ma vie des missions, mais en général c’était toujours pour donner la possibilité aux gens d’être acteurs de leur propre vie c’est à dire de prendre les bonnes décisions, pour choisir les bonnes études, choisir le métier, choisir l’entreprise, c’était vraiment toujours leur donner… qu’ils aient accès qu’ils ou elles aient accès à l’information pour bien choisir ce qui leur convient à eux.
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Comment est-ce que tu fais ? Comment tu travailles pour cette cause ?
Donc en fait j’ai décidé de me concentrer sur une dimension particulière de l’égalité entre les hommes et les femmes c’est l’égalité au travail. Parce que je crois que pour qu’un homme ou une femme soit véritablement libres et bien il faut qu’il ou elle gagne sa vie et parce que c’est en ayant les moyens financiers d’être complètement indépendant et autonome de quelqu’un d’autre qu’on peut vraiment décider de choisir sa vie, qu’on peut décider de qui on va marier, peut-être aussi de le ou de la quitter, on peut décider où on va vivre, où on va mettre ses enfants à l’école…Comment est-ce que je vais gérer ma vie si je n’ai pas de salaire à moi, si je suis toujours dans la dépendance, si je dois demander à quelqu’un d’autre de l’argent pour pouvoir vivre et à partir du moment où on est dépendant de quelqu’un d’autre ça devient très compliqué d’être véritablement libres et donc pour moi, mon credo, c’est vouloir les mêmes possibilités, donc les mêmes opportunités pour les femmes et pour les hommes d’utiliser tous ses talents dans une entreprise ou dans une administration, ou en tant qu’entrepreneur. En tout cas, sur le marché du travail.
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Qu’est-ce que tu ressens dans ton cœur quand tu sais qu’il y a une entreprise qui a avancé par rapport à ça ?
C’est ça qui fait la grande différence entre l’entrepreneuriat classique, habituel et l’entrepreneuriat social. Moi, ma réussite, je ne la mesure pas à l’argent que j’arrive à gagner, à l’argent que j’arrive à faire en tant que chiffre d’affaires, que des revenus des recettes. Je mesure mon succès à l’impact que j’ai. Quand je dis que j’ai, c’est évidemment avec mon organisation qui s’appelle JUMP. Donc effectivement quand il y a un homme ou une femme qui grâce à une conférence grâce à une formation comprend finalement pourquoi l’égalité entre les femmes et les hommes est si important, comment devenir plus égalitaire ou quand j’arrive encore mieux à convaincre des patrons ou des patronnes d’entreprise de transformer leur entreprise pour qu’elle soit véritablement respectueuse, pas uniquement des femmes mais de toutes les personnes qui sont différentes, et bien, là je pense que j’ai vraiment atteint ma mission. C’est l’impact que j’ai qui fait mon bonheur ! Changer le monde…
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Qu’est-ce qu’on peut faire en tant que parent et en tant qu’enseignant ?
Je pense que la première chose qu’il faut faire c’est se rendre compte. Avoir conscience que ce n’est pas parce que on est aujourd’hui dans une société qui est relativement égale entre les femmes et les hommes qu’on ne peut pas reculer qu’on ne peut pas revenir en arrière à partir du moment où on prend vraiment conscience qu’on peut basculer, qu’on peut reculer, alors là, on va peut-être trouver la force et l’énergie nécessaires pour se battre pour que ça n’arrive pas. Ça n’arrivera pas s’il y a une majorité de personnes qui décident que ça n’arrivera pas. Donc 1, savoir que rien n’est acquis, 2 dédier un minimum de temps et de conscience pour s’informer, pour se responsabiliser. Je pense que c’est vraiment la seule chose.
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Comment c’était Isabella petite ?
Moi, je me rappelle avoir fait clairement le choix de changer le monde quand j’avais 11 ou 12 ans, et à partir de ce moment-là je me suis engagé dans tellement de choses, tellement de choses ! Parce que je me sentais responsable. Avant ça ce n’est pas très clair. C’est vrai que j’ai toujours beaucoup aimé par exemple les livres les romans je n’aime pas, sauf quand ça raconte la vie de personnages emblématiques, en particulier des femmes parce qu’à mon époque il y avait très peu de biographies de femmes illustres. Alors moi je me rappelle par exemple être avoir été particulièrement inspiré de Mère Theresa, parce qu’elle a dédié sa vie aux autres, parce qu’elle a réussi à avoir de l’impact sur les autres. Mais il y a également la révolutionnaire Louise Weiss, quelques femmes politiques autour de moi à l’époque comme Simone Veil, et même les hommes ! Les femmes m’ont inspiré plus parce que j’étais une femme et je pouvais me projeter mais le Docteur Schweitzer par exemple je m’en rappelle j’étais vraiment petite et j’ai dévoré le livre sur sa vie parce que là aussi, voilà un médecin qui est allé en Afrique sauver le monde. Donc je me disais c’est possible et je me projetais clairement là-dedans.
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Quels sont les bénéfices d’une société où il y a une égalité entre les hommes et les femmes ?
Comment est-ce qu’on peut être heureux en tant qu’homme quand on domine l’autre moitié de l’humanité, c’est-à-dire les femmes. Quand on ne leur donne pas les mêmes droits que ceux dont ont jouit ? Parce que la moitié de l’humanité, ce sont aussi les personnes qu’on aime le plus ce sont nos épouses, ce sont nos mères, ce sont nos enfants. Comment est-ce qu’on peut être véritablement heureux si tous les gens qu’on aime n’ont pas les mêmes privilèges que nous ?