Aline Zeler est footballeuse. Elle nous explique que le foot c’est aussi pour les filles! Découvrez cette passionnée par ce sport ‘qui rassemble’ dans cette chouette interview. Au-delà d’être 9 fois championne de Belgique, Aline est aussi éducatrice sportive de formation, elle entraine les fille ‘espoir’ de cet sport universel. L ‘ex joueuse numéro 10 de l’équipe belge (elle a décidé d’arrêter avec l’équipe nationale juste après notre rencontre!😥) travaille également au développement et à l’accessibilité du football au féminin.
Trouvez la transcription de cette interview ci après:
Tu peux nous raconter qu’est-ce que tu fais ?
Je m’appelle Aline Zeler et je suis la capitaine des Red Flames, l’équipe nationale belge de football. Je suis aussi professeur du foot élite francophone. Je fais ce métier dans plusieurs régions, notamment à Liège, en Belgique.
Aujourd’hui les joueuses sont 17. Le projet tourne depuis 3 ans. Il y aussi les gars, qui jouent sur un autre terrain à côté. Le projet consiste à venir ici quatre fois semaine le matin. C’est un projet scolaire dont les enfants suivent une formation de football élite dans leur cursus scolaire.
Tu es la capitaine des Red Flames donc tu n’es pas n’importe quelle joueuse ! Tu as été neuf fois championne de Belgique, est-ce que cela veut dire que le foot ce n’est pas que pour les garçons ?
On est bien d’accord !
Les filles ont bien leur place dans le foot aujourd’hui ?
Oui, beaucoup plus longue qu’auparavant ! J’ai commencé dans les années 80 à la province de Luxembourg et on était que deux filles dans la province à l’époque. Dans ce cas on joue avec les garçons ! J’ai en effet joué toute ma jeunesse, jusque l’âge de 15 ans, avec de les garçons. C’était vraiment chouette. Quand tu dois quitter les garçons, qui étaient tes copains, à 15 ans c’est même difficile. A cet âge-là on se souvient de tous les commentaires qu’on avait le long du terrain. Il y avait par exemple les parents de l’équipe adverse qui disaient « ah ils ont une fille donc on va gagner » et à la fin du match ça te fait encore plus plaisir de gagner car ce genre de commentaire en effet te donne plus la patate et tu veux vraiment te donner à fond.
A la fin du match il y avait des parents que se rendaient compte qu’une fille sait jouer au foot, donc il y avait une sorte de victoire sur le terrain mais aussi une sorte de victoire sur les bancs. Cela était chouette_
Aujourd’hui en tant que prof, les filles sont bien soutenues par leurs familles et le public ?
Par mon expérience, et en tant que Red Flames, en tant que professeur et ce que j’ai vécu dans les années 80, elles ont énormément de chance de suivre un projet scolaire comme celui-ci. L’association des clubs francophones de football s’est engagée depuis 2014 pour développer le football féminin, au niveau de l’élite mais aussi au niveau récréatif, pour donner l’accessibilité à toutes les joueuses de football.
A partir de quel âge ?
En général quand on organise des activités ludiques c’est à partir de 5 ans, jusque l’âge de 16 ans, quand elles peuvent donc intégrer des équipes de dames, car elles ne sont plus trop attirées par des journées des événements pour les petits. Mais des fois il y a même des filles de 17 ans qui demandent à participer et je les prends sans soucis, car le but est de faire découvrir le football. Ce sont toutes des activités moi je n’ai pas eu l’occasion d’avoir dans ma jeunesse.
A partir de quel âge tu as commencé à jouer ? et dans quel contexte ? C’est-à-dire, est-ce que tu avais des idoles ? est ce que c’était les parents ?
Vraiment, je suis tombée là-dedans par hasard. En fait, dans ma famille on était fermier. Mes parents, mon papa et ma maman travaillait très dur. Et les samedis, on était encore trop jeune pour aller travailler à la ferme. Je partais avec mes voisins qui étaient deux garçons qui jouaient au foot et j’allais avec leur maman voir les matchs et pendant qu’ils avaient la mi-temps moi je prenais le ballon et je ‘shootais’ et le président qui m’a vu jouer est venue e voir et m’a dit : « Dis Aline, tu as une bonne frappe ! Et tu viens quand même tous les samedis, autant commencer à jouer !
Il est venu voir mes parents qui ont donné leur accord. Et quand on est devenu plus grand, ils ont toujours dit que c’est d’abord le travail à la ferme puis le foot.
Qu’est-ce que Aline ressent quand elle joue du foot ?
Beaucoup de plaisir, toujours enthousiaste et plein d’adrénaline ! A la fin d’un entraînement ou d’un match il y a toujours un temps pour récupérer cette adrénaline, même quand on perd le match !
Quand on perd le match, je revois tout dans ma tête, je regarde par rapport à ma prestation et je me rems en question pour toujours devenir meilleure.
Le fait d’avoir été appelé en équipe nationale à la première fois en 2005, totalement par hasard, m’a aussi beaucoup marqué.
J’ai su seulement que l’équipe nationale féminine existait quand j’avais 15 ans ! Lorsqu’on a été engagées par la fédération en 2014, notre rôle était de faire une propagande sur l’équipe nationale, afin de montrer son existence car plusieurs clubs à l’époque n’étaient pas au courant de l’exitance même de cette équipe.
Il ne faut pas toujours comparer filles et garçons. Le sport féminin c’est vraiment un sport à part.
Est-ce que l’entrainement des filles est différent de celui des garçons ?
Non, au niveau de la charge d’entraînement où la psychologie, ça reste la même chose. La constitution corporelle reste différente mais on peut développer notre sport à un top niveau sans problème, suivant les données féminines.
Au niveau de l’encadrement, ici on se donne les moyens, c’est un centre de formation top niveau, soit pour les vestiaires soit pour les terrains. Et même par rapport à la distance de l’école c’est top car il n’y a pas beaucoup de trajet. Notre vision est aussi de donner l’accès facile au football dans les clubs de proximité.
Il y a de plus en plus des clubs qui ont des équipes filles mais c’est normal aussi de jouer avec les garçons pendant quelques années, soit dans les équipes mixtes soit dans les championnats avec des garçons.
je pense que de grands progrès c’est la mentalité. On est 32.000 joueuses en Belgique, plus de 110.000 dans les pays scandinaves. Eux ils ont toute une autre mentalité et sont plus rapide pour l’évolution des filles dans le foot.
Aline j’ai besoin d’un conseil ! J’ai un fils de 5 ans qui est persuadé que le foot ce n’est pas pour les filles. Qu’est-ce qu’il faut que je lui dise pour qu’il accept que le foot c’est aussi pour les filles ?
Il faut déjà l’emmener à des rencontres de football féminin. Soit au stade, ou une activité récréative. Lui expliquer aussi que chez les garçons il y en a ceux qui ne savent pas manipuler la balle avec leurs pieds. Que ce n’est pas parce qu’on est un garçon qu’on sait nécessairement jouer au foot.
Le football est accessible à tous, pour le top mais aussi pour les amateurs, celui qui a envie juste de s’amuser et d’aller boire un verre après son match. Et cela reste pareil chez les dames, je connais des dames de 30, 40, 50 ans qui ne jouent pas pendant la semaine et qui viennent les weekends, ça reste le fun, tu t’amuses autour du ballon et tu vois tes potes.
Pour ton fils il doit mettre ça dans sa tête et bien sûr il faut que tu viennes voir une fois une activité. Et si jamais il ne croit toujours pas, il peut jouer contre les filles et on peut aussi le retourner !
Les filles qui veulent commencer à jouer au foot qui entendent tout le temps ou bien de leurs parents ou à l’école « mais le foot ce n’est pas pour toi ! » que tu dois plutôt faire des choses un peu plus gentilles, un peu plus délicates. Comment est-ce qu’on peut dire à cette fille : allez ! vas-y !
Il faut tout simplement bien communiquer avec ses parents. Leur dire que tu t’épanouis et que tu retrouves plein de chose comme la collectivité, la course, le sprint mais aussi les paramètres physiques et l’engagement. Que tu retrouves l’aspect social, le respect des règles et surtout le fairplay. Les parents ont aussi peur pour tout ce qu’on entend autour du terrain, mais là aussi il y a plein de choses qui sont mises en place maintenant comme les référents fairplay qui circulent de plus en plus autour des terrains pour éviter les disputes.
On va expliquer le fairplay pour les plus petits. C’est jouer correctement, dans des règles…
…éviter les gros mots parce que ça ne m’apporte rien du tout, le but principal de l’activité sportive même au top comme au niveau récréatif c’est de prendre du plaisir de s’amuser !